Mon hommage à Françoise Madeleine Hardy

 

Ils étaient tous là le jeudi 20 juin au crématorium du père Lachaise pour la cérémonie d’adieu à Françoise Madeleine Hardy née à Paris le janvier 1944 à 21h30 : son fils, ses deux compagnons, le milieu du show-biz, la classe politique et plusieurs centaines d’admirateurs. Pas de discours. Ils écoutent tout simplement ses chansons, ses textes. La France rend hommage à l’une de ses artistes les plus populaires.

 

C’est de l’astrologue que je vais témoigner dans ces lignes.  C’est pendant plus de soixante ans qu’elle se passionne pour l’astrologie. Elle découvre l’astrologie à 19 ans suite à une consultation avec André Barbault.  Elle suit d’abord des cours particuliers avec André Barbault puis ensuite des cours collectifs au CEFA (Centre d’Enseignement et de Formation à l’Astrologie). Elle y rencontre JP Nicola, approuve sa vision de notre discipline et l’approfondit avec lui.  

 

Seconde phase : après avoir compris l’astrologie, elle souhaite la faire comprendre au public. Elle écrit son premier livre avec Béatrice Guénin. Un peu plus tard elle réalise sur Radio Monte Carlo pendant trois ans une émission avec Jean-Pierre Nicola et la graphologue Anne-Marie Simian.  Elle publie en 2002 Les rythmes du zodiaque, le premier livre qu’elle écrit seule.

Conformément à Ptolémée (Tetrabiblos, livre I, chapitre 2 et 3) et à JP Nicola  qui a mis en application les préceptes de Ptolémée, Françoise Madeleine Hardy pense que

« l’astrologie est un conditionnement parmi d’autres et qu’il est important d’avoir un  éclairage sur les divers conditionnements  afin d’avoir une plus grande liberté par rapport à eux, afin de les utiliser, voire de les dépasser. Trop souvent ce que l’on croit être sa vérité à soi  n’est en réalité  qu’une vérité dictée par les multiples conditionnements qui sont les nôtres. Le chemin est long pour découvrir qui l’on est véritablement ».                                                                                                    

Appliquons à présent à Françoise Hardy elle-même les préceptes de l’astrologie conditionaliste.

Françoise Madeleine Hardy est née le 17 janvier 1944 à Paris à 21h30. Elle ne porte pas le nom de son père Pierre Marie Etienne Dillard qui est né le 15 décembre 1899 à 1h à Blois  mais celui de sa mère. Par ailleurs elle porte comme second prénom Madeleine qui se trouve être le prénom de sa mère (Madeleine Jeanne Hardy est née le 14 mai 1920 à 0h45 à Paris 11ème). A noter que sa mère a 20 ans de moins que son père, ce qui était le cas des parents de Sigmund Freud.

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Françoise Hardy ne sera reconnue par son père qu’en 1976, quelques années avant sa mort. En fait quand elle est née son père était marié. La mère de Françoise était son amante. Françoise, comme sa sœur cadette Michèle, sont des enfants illégitimes.

Côté fratrie, Françoise souffrira toujours de la présence d’une sœur atteinte de troubles mentaux. Michèle décédera à 59 ans et Françoise sera très affectée par son décès.

Côté parental : les amants se séparent en 1948. Françoise a 4 ans. Elle souffrira de l’absence d’un père. Elle sera surprotégée par sa mère et formera un véritable couple avec cette mère Taureau un brin possessive.

Côté socio-économique la mère habite avec ses deux filles dans un modeste deux pièces rue d’Aumale. Les fins de mois sont difficiles pour cette mère célibataire et ses deux filles.  

Côté sociétal, l’adolescence de Françoise est contemporaine des « trente glorieuses » une période marquée par un essor économique. C’est l’époque de l’émergence d’une jeunesse insouciante qui aspire à la consommation et la jouissance, qui par ailleurs est sensible à une musique venue d’Amérique.

En ce qui concerne le conditionnement céleste, Françoise est marquée par une opposition Saturne-Vénus (renforcée par son Soleil en Capricorne et sa Lune en Balance) et par une conjonction Mars-Uranus. Cette opposition Saturne Vénus la fait souffrir chaque fois qu’il y a des séparations (elle l’exprime à souhait dans les chansons tristes qu’elle compose). Fort heureusement la conjonction Mars-Uranus lui donne la possibilité de surmonter cette tristesse. N’est-ce pas la configuration

qui permet de se libérer de ses chaînes,  de s’élever par rapport à son milieu d’origine ?.

Savez-vous qu’en 1972 Jacques Sadoul voulant vérifier le bien-fondé de l’astrologie a soumis le thème de Françoise Hardy à une dizaine d’astrologues. Les résultats de cette expérience de thème en aveugle furent surprenants. Les interprétations des astrologues se recoupaient sur de nombreux points et surtout correspondaient tout à fait à la réalité. Le célèbre éditeur raconte cette expérience dans son livre L’énigme du zodiaque (pages 11 à 28), pages que l’on trouve facilement sur internet.

https://ia801001.us.archive.org/29/items/183988969lenigmeduzodiaquejacquessadoul/183988969-L-Enigme-Du-Zodiaque-Jacques-Sadoul.pdf

Françoise va approfondir cette discipline qui la passionne en suivant avec Catherine Aubier des cours privés auprès d’André Barbault. Puis au moment où elle est enceinte de Thomas elle suit les cours du CEFA (Centre d’Enseignement et de Formation à l’Astrologie). Elle y trouve au début comme professeur Régine Ruet, Jacques Berthon, Paul Colombet, Jean-Pierre Nicola puis, après le départ de Jacques Berthon, Max Lejbowicz et moi-même.

Permettez-moi un souvenir personnel concernant mon premier cours donné au CEFA. Les collègues du CEFA me demandent de donner le cours d’astronomie qu’ils n’aiment pas traiter…. Je n’ai pas le choix. J’accepte. Je me remémore mes cours de cosmographie de philo. Pour que les élèves comprennent bien de quoi il s’agit mon épouse Sylvie m’aide en dessinant sur des feuilles bristol grand format des schémas représentant l’écliptique et l’équateur céleste sur divers horizons (pôle Nord, Paris, etc). A la fin du cours, Françoise Hardy est venue me féliciter : c’était tellement clair votre cours que j’ai enfin compris l’astronomie de l’astrologie. Continuez à donner des cours. Vous êtes très pédagogue. André Barbault m’avait encouragé à être astrologue. Ce fut Françoise Hardy qui m’encouragea onze ans plus tard à être professeur d’astrologie, ce que je n’ai cessé d’être depuis 50 ans.

Françoise Hardy admire l’approche de JP Nicola qui reprend les principes fondamentaux de Ptolémée tout en se voulant très moderne. Elle approfondit la théorie des âges, le RET, puis plus tard le SORI, la dialectique du héros et de son ombre. Ainsi, elle applique à elle-même la théorie des âges quand elle dit la chose suivante à Gilles Verlant : « C’est réellement autour de mon adolescence, que ma passion pour les chansons s’est développée pour ne plus me quitter. Saturne correspond au stade de l’adolescence et les personnes marquées par cette planète, comme moi, ont tendance à rester fixées toute leur vie sur les pôles d’attraction qui ont été les leurs alors… ».

Joëlle de Gravelaine et Joan Esner décident de lancer aux éditions Tchou une collection consacrée aux douze signes du zodiaque. Leur projet consiste à faire écrire chaque livre par un astrologue du signe. Le Taureau est attribué à Jean-Pierre Nicola. Les Gémeaux le sont à Paul Colombet. Joëlle de Gravelaine et Joan Esner se réservent respectivement le Capricorne et le Cancer. La Capricorne Françoise Hardy va-t-elle être oubliée ? Comme elle est Ascendant Vierge, une bonne idée serait de lui proposer d’écrire avec une astrologue du signe de la Vierge. Les responsables de la collection trouvent que c’est astucieux d’inclure ainsi la célèbre Françoise Hardy. Jean-Pierre Nicola connaît une astrologue de la Vierge qui a une bonne plume. Il pense  même que cette astrologue – Béatrice Guénin –  peut tout à fait s’entendre avec Françoise Hardy. Néanmoins, quand il présente Béatrice à Françoise il lui donne quelques recommandations. Françoise, lui dit-il, est parfois surprenante par son côté « cactus ». Surtout que cela ne te choque pas et tu verras tout se passera bien. La Vierge et la Capricorne s’entendront à merveille. Leur ouvrage sera écrit rapidement. Il comporte entre autres plusieurs interviews passionnants de célébrités de la Vierge, notamment celles de J.L. Barrault, Félicien Marceau, Claude Nougaro. « Lorsque les médias voulaient une interview à propos de ce livre, m’a confié Béatrice, Françoise exigeait que je sois également présente. S’ils n’acceptaient pas, elle refusait l’interview. Françoise pouvait être directe avec son franc parler, elle n’en était pas moins d’une honnêteté sans faille.

Françoise a pratiquement toujours travaillé en duo. Quand RMC (Radio Monte Carlo) lui propose, outre l’horoscope quotidien, une émission qui fasse connaître les réelles possibilités de l’astrologie à travers l’évocation de célébrités, Françoise a deux exigences. Elle donnera son accord si elle en duo avec Jean-Pierre Nicola pour la partie astrologique et si une graphologue est également présente car l’astrologie ne peut à elle seule rendre compte de la personnalité d’une célébrité. Toujours l’astrologie conditionaliste….

Le trio fonctionnera pendant trois ans sur RMC. Treize livres immortaliseront ces émissions passionnantes des années 80.  Dans la collection « Les signes du destin » douze livres – un pour chaque signe – qui témoignent à la perfection de l’astrologie conditionaliste. A cela s’ajoute Entre les lignes entre les signes » (RMC Editions), le livre écrit en 1986 par Françoise et la graphologue Anne-Marie Simian.  On y retrouve conjointement les interprétations graphologiques et astrologiques.

Cela vaut la peine de méditer les premières lignes de ce livre qui explique les différences comme la complémentarité de l’astrologie et de la graphologie.

   « Pourquoi deux types d’investigations ? Parce que l’approche astrologique ne fournit d’informations que sur ce conditionnement particulier qu’est le ciel de naissance, sans dire quelles solutions bonnes ou mauvaises l’individu a été en mesure d’apporter aux problèmes auxquels celui-ci le prédispose, sans renseigner non plus sur tous ses autres conditionnements. L’approche graphologique, fondamentalement différente, indique quant à elle les traits dominants d’une personnalité : son type d’intelligence, son type et son degré d’activité, son attitude sociale, sa maturité ou son immaturité affective, autant de points sur lesquels l’approche astrologique reste muette, la qualité humaine, le niveau de pensée, le niveau spirituel, l’équilibre ou le déséquilibre, lui échappant totalement ».

C’est aussi en 1986 que Philippe Bouvard anime la fameuse confrontation entre Françoise Hardy et Elizabeth Teissier qui tourne en boucle sur Internet. La première venait assurer la promotion du passionnant livre L’astrologie universelle écrit par une équipe d’astrologues conditionalistes tandis que la seconde venait présenter ses prévisions annuelles Votre horoscope 1987. Françoise Hardy reproche à Elizabeth Teissier de donner une fausse idée de l’astrologie tandis qu’Elizabeth Teissier lui renvoie son dilettantisme en astrologie et son absence de reconnaissance par les astrologues.

Heureusement que Philippe Bouvard est là pour mettre de l’humour dans cet échange houleux entre les deux stars qui ce jour-là ont fait surgir leur Mars dominant.

Le COMAC (Centre d’Organisation des Méthodes d’Astrologie Conditionaliste) de Jean-Pierre Nicola et mon association l’ARRC (Association pour la Recherche des Rythmes Cosmiques) organise en octobre 1992 un congrès au FIAP (Foyer International d’Accueil de Paris) sur le thème Astrologie et Spiritualité. Je rencontre à cette occasion Françoise venue écouter son ami le père Maurice Maupilier qui donne une conférence sur le thème Astrologie et Foi chrétienne. Je la croise à la même époque à l’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne – plein à craquer – où nous étions venus écouter Gitta Malash commenter quelques passages de son livre Les dialogues avec l’Ange. Ces anecdotes pour montrer tout l’intérêt que Françoise portait à la spiritualité.

C’est beaucoup plus tard – en 2003 – que Françoise publie un livre qu’elle a écrit seule. Ce livre paru aux éditions du Cherche Midi a pour titre Les rythmes du zodiaque. Elle y parle des signes du zodiaque en s’appuyant sur leur réalité astronomique. Elle aime illustrer ses propos en se référant aux biographies de célébrités. Comme à l’accoutumé, elle est partisane d’une astrologie qui tient compte du contexte :

« Notre personnalité, dit-elle, est en quelque sorte façonnée par ce que nos 

multiples conditionnements ont fait de nous, comme par ce que nous avons réussi à 

faire d’eux, mais elle ne s’y résume pas » (p. 11).

Françoise Hardy aimait tout particulièrement parler des comparaisons de thème.

« L’astrologie donne des clés qui permettent de comprendre comment un couple fonctionne. Souvent ce qui domine chez l’un est faible chez l’autre. On est attiré par ce que l’on n’a pas en soi. On n’est sur terre pour intégrer ce que l’on ne sait pas, ce qu’on ne connait pas ».

Regardons ce qu’il en est pour elle.  Son premier compagnon le photographe Jean-Marie Périer est un natif du Verseau avec une belle dominante uranienne mais c’est aussi un vénusien. Outre les dominantes communes d’Uranus et Vénus, on pourra noter que cette  Vénus en Poissons de JM Périer se situe dans la maison VII du thème de Françoise. Mais le plus intéressant est de constater que six signes sont inoccupés dans le thème de Françoise. Or le thème de Jean-Marie Périer présente des planètes dans ces six signes. Dès lors rien d’étonnant à ce qu’il ait été son Pygmalion pendant 4 ans. Il l’a emmené en Corse et, comme elle aimait cette région, il lui a conseillé d’y acheter un terrain pour y faire construire une maison. Ce qu’elle fit. Monticello en Corse était son hâvre de paix où elle retournait souvent. C’est d’ailleurs là – dans une concession face à la mer – que lors d’une ultime cérémonie vont être dispersées ses cendres.


Ceci dit, c’est Jacques Dutronc qu’elle a véritablement aimé. La rencontre de ce couple mythique a eu lieu en Corse… en septembre 1967. L’Ascendant Poissons de Jacques est dans la maison VII de Françoise. Leurs deux thèmes sont marqués par le quatuor Saturne-Uranus-Vénus-Mars. Mais, là où joue la complémentarité, c‘est que  Jacques est du signe du Taureau, le signe de la mère adorée de Françoise.

Signalons au passage que l’attachement de Françoise à Jean-Pierre Nicola a lui aussi des racines cosmiques dans la mesure où le thème de son mentor présente une conjonction Soleil-Lune en Taureau. Pas étonnant dès lors qu’elle l’ait choisi comme témoin de son mariage le 30 mars 1981.

Françoise Hardy souhaitait que son enfant naisse sous le signe du Taureau. On comprend maintenant pourquoi… Ce ne fut pas le cas. Il est né lors d’une pleine lune saturnienne qui se superpose à l’opposition Saturne-Vénus de sa mère et la conjonction Saturne-Vénus de son père. C’est comme sa mère un uranien. Mais alors que ses grands-parents maternels sont nés à la conjonction ou l’opposition Saturne-Uranus, que ses parents sont nés à la conjonction Saturne-Uranus, lui il naît au trigone Saturne-Uranus.

 

Françoise, en un mot : une personne d’une grande simplicité qui a su parvenir à toucher les cœurs d’un vaste public car elle a toujours été authentique. Elle a exprimé à la perfection les tourments de son opposition Saturne-Vénus. Quant à l’astrologie, elle l’a véritablement approfondi et elle n’a eu de cesse d‘en montrer le vrai visage. Qu’elle en soit remerciée.

 

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Yves Lenoble