Considération sur les signes fixes
Les signes fixes dans l’astrologie pré-moderne
Auteur : Giuseppe Bezza
Les signes du zodiaque ont reçu différentes dénominations selon les différentes natures que les astrologues ont reconnu. Ces natures, ou bien existent par elles mêmes dans les signes ou par contre existent par rapport à quelque chose d’autre. Dans le premier cas, elles dépendent uniquement du mouvement du zodiaque, dans le deuxième cas, elles dépendent des rapports que le Soleil, la Lune, les cinq astres errants entretiennent avec les signes.
La première division des signes est rappelée par Ptolémée dans quadr. I, 11 et constitue la première division qualitative: les signes se divisent en mobiles, solides et ayant deux corps (nous les appelons maintenant cardinaux, fixes, mutables). A cette division suivra celle par genre : les masculins et les féminins. Cette première division des signes est en premier lieu une distinction qualitative du temps, dont le zodiaque veut être mesure et pourtant, en deuxième lieu, on peut l’accepter en tant que différenciation qualitative des différentes parties du zodiaque. Il faut d’ailleurs remarquer qu’environ trois siècles avant la naissance d’une littérature astrologique savante et mathématiquement fondée, nous avons le témoignage de l’emploi des signes du zodiaque en tant que mesure du temps dans les parapegmes de Méton et Euctémon.
Si l’on partage l’année en quatre parties selon les solstices et les équinoxes, chaque partie, à savoir chaque saison, doit avoir un tempérament propre et ce tempérament, puisqu’il est engendré dans le temps, doit avoir une apparition et une dissolution ; de plus, parmi ces deux extrêmes, il doit y avoir par nécessité un troisième terme, qui soit moyen entre les extrêmes et qui constitue l’expression la plus appropriée à l’essence même de ce tempérament.
Il faut remarquer que, des deux premières divisions des signes dont on a parlé au début, celle qui dépend de quelque chose d’autre que soi constitue la partie la plus technique de l’art astrologique et, partant, il se peut qu’elle ne soit pas acceptée par tous les savants, ni par tous les philosophes. Pour cela même Kepler, par exemple, et Placide de Titi la refusèrent. Par contre, la division qui repose sur une distinction qualitative du temps n’a pas besoin d’être expliquée par démonstrations ayant trait à la technique astrologique. Un traité médical d’inspiration pythagoricienne déclare que la partie médiane de chaque saison exprime le tempérament le plus pur (1) et dans les gloses aux Aratea de Germanicus, qui n’est pas un texte astrologique, nous pouvons apprendre la description des natures agissantes de ces différents tempéraments :
Les signes tropiques signifient les pays étrangers et présentent, tour à tour, impulsions et propos tout à fait différents ; les signes biformes signifient la répétition de toute chose engendrée et parfois les délais et les sursis ; les solides accomplissent avec énergie et ardeur et conduisent à leur achèvement toute chose, favorable ou hostile, selon le témoignage des astres profitables ou adverses (2).
On sait que les signes du zodiaque ont reçu un grand nombre de dénominations : la littérature grecque en compte quelques centaines. Chaque dénomination indique un comportement particulier, une particulière façon d’être, qui peut être rapportée au signe mathématique et immatériel (dôdekatèmorion) , au signe matériel composé d’étoiles et ayant sa figure propre (eidôlon, zôdion), au signe en tant qu’expression d’une nature élémentaire (stoicheion) et, enfin, à la nature que le signe reçoit à cause de son rapport avec les planètes. De toutes ces dénominations, les seules qui nous intéressent ici sont celles qui proviennent du temps : elles appartiennent au premier type et leur comportement est décrit dans le chapitre du Quadripartitum où Ptolémée traite de l’âme humaine.
Pour bien comprendre ce chapitre il est nécessaire de se rappeler la théorie grecque de l’âme ou, mieux, ce que Ptolémée reçoit de cette théorie. Dans son Manuel d’harmonie, Ptolémée propose une distinction tripartite de l’âme qu’on peut dire aristotélicienne dans sa structure, les trois fonctions principales de l’âme étant, de bas en haut:
– nutritive ou végétative
– sensitive ou appétitive
– rationnelle ou intellectuelle
La première comprend les facultés qui sont de la plante, la deuxième celles qui sont de l’animal, la troisième concerne les facultés qui ne sont propres qu’à l’être humain. Ces trois fonctions principales de l’âme sont égales en nombre aux accords consonants, tels qu’ils sont codifiés par les lois de l’harmonie, en sorte que les facultés des fonctions inférieures, étant partielles, correspondent aux espèces des accords partiels, à savoir la quarte et la quinte. Il doit pourtant y avoir, selon Ptolémée, une correspondance intime, voire une analogie, entre les intervalles consonants et les parties de l’âme : l’octave doit correspondre à la fonction rationnelle de l’âme, puisque dans toutes les deux on retrouve ce qui est simple, égal, indivisé ; la quinte doit correspondre aux fonctions sensorielles, la quarte aux fonctions végétatives. Ces analogies sont établies par Ptolémée de la façon suivante :
L’octave convient aux fonctions intellectuelles, car ici on retrouve surtout ce qui est simple, égal, indivisé ; la quinte aux fonctions sensorielles, la quarte aux fonctions végétatives. L’accord de quinte est plus proche de l’octave et donc plus consonant, car sa partie excédente l’approche de l’octave plus que la quarte, ainsi que les fonctions sensorielles sont plus proches des fonctions intellectuelles que les fonctions végétatives. En effet, l’être n’est pas toujours accompagné de la sensation, ni la sensation de l’intellect. Par contre, la sensation est toujours accompagnée de l’être et là où il y a intellection, il y a aussi, toujours, sensation et être. De même, dans un intervalle de quarte, la quinte ne peut pas y être, ni l’octave dans la quinte ; par contre, dans l’intervalle d’octave il y a toujours la quinte et la quarte: les mélanges et les modulations de ces deux dernières sont imparfaites, parfaites par contre celles de la première(3).
Où il y a l’être, il n’y a pas toujours la sensation et où il y a la sensation, il n’y a pas toujours l’intellection, c’est-à-dire : la perfection de l’être demande l’action spécifique de la cause, tandis que son universalité amène à la génération d’êtres simples et non-différenciés. Le fait d’être, étant la condition première du vivre, l’opération des cieux qui lui convient doit être universelle et non-différenciée. Selon une conception répandue au Moyen Age, on estimait que, par le biais du mouvement de la sphère la plus extérieure, le premier mobile, le corps recevait l’âme végétative, tandis que, par le concours du mouvement de la huitième sphère le corps accueillait les fonctions de l’âme sensitive. Ces opinions sont condamnées par saint Thomas (4) et toutefois seront reprises d’une façon positive jusqu’au XVIIème siècle (5).
Il s’agit cependant d’une conception qui n’est pas étrangère à la tripartition ptolémaïque de l’âme en ceci : le cercle qui, dans son mouvement, engendre les distinctions qualitatives partielles, ne peut qu’engendrer les fonctions inférieures de l’âme. Ce cercle est bien le premier mobile, qui entraîne le zodiaque dans sa rotation annuelle et diurne. Toujours dans le Manuel d’harmonie, Ptolémée nous dit que ce cercle se meut selon un rythme ternaire en accord avec l’âme végétative et selon un rythme quaternaire en accord avec l’âme sensitive. En effet, les douze parties du zodiaque ont reçu leurs qualités seulement par le biais des intervalles de quarte et de quinte: par l’intervalle de quarte les signes sont distingués en mobiles, solides et de deux corps, par l’intervalle de quinte en signes de feu, de terre, d’air et d’eau.
Pourtant, et cela est la première conclusion, les fonctions de l’âme végétative ont trois facultés, égales en nombre à la première distinction qualitative des signes: la faculté de croître, la faculté d’exercer force et vigueur, la faculté de décliner et de décroître. Par contre, les fonctions de l’âme sensitive ont quatre facultés, égales en nombre à la deuxième distinction qualitative des signes : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût (car le sens du toucher est reconnu par Ptolémée commun à tous les sens). Et ces dernières facultés s’accomplissent, pour employer une expression médiévale, dans l’elementatio naturae, car à la vue répond le feu, à l’ouïe l’air, à l’odorat, au goût et au toucher l’eau et la terre (6).
Croissance, force, déclin qualifient les signes du zodiaque dans chacune des quatre parties de l’année: la croissance est propre au signe tropique, qui constitue le commencement du temps nouveau, la vigueur au signe solide, qui confirme le temps qui est commencé, le déclin au signe biforme, qui est ainsi appelé car il prend déjà part du temps futur. La signification de ces signes est ainsi déclarée, avec concision, par Léopolde : «Les signes tropiques signifient la rapidité, les solides la stabilité, ceux qui ont deux corps l’altération»(7).
Ptolémée nous montre les différentes natures de ces signes au moyen du mouvement du Soleil : «Ces signes, dit-il, reçurent leur dénomination à cause de l’effet qui se produit en eux» (8), et le commentateur Ibn Ridwan souligne ce point : « On ne peut connaître les vertus des signes que par le changement que le Soleil fait quand il les traverse ». De cette prémisse, une conclusion : «En eux-mêmes, les signes n’ont aucun effet naturel, car leur effet dépend uniquement du changement que le Soleil effectue lorsqu’il les traverse, ainsi que de la vertu des autres astres. Les signes, pourtant, nous apparaissent en tant que matière, les astres en tant que forme» (9). Comme Ptolémée, al-Qabisi et Abu Ma’sar soulignent la force, la vigueur du temps (quwwa az-zaman) (10).
De plus, la croissance, la vigueur, le déclin sont aussi les effets propres des douze maisons ou lieux de la figure astronomique, à, savoir de la rotation diurne de la sphère, et du cycle synodique lunaire, ainsi qu’il nous apparaît de la lecture du chapitre du Quadr. qui traite des signes masculins et féminins (11). Cela signifie, et constitue la deuxième conclusion, que les fonctions de l’âme végétative résident dans les périodes naturelles du temps (l’année et le jour, notamment) et se meuvent dans ces périodes en suivant un rythme discontinu, à savoir selon l’intervalle de quarte. On peut alors comprendre l’équation signes = matière et astres = forme. Dans les signes du zodiaque, ainsi que dans les douze lieux de la rotation diurne et dans le cycle synodique de la Lune les astrologues reconnurent les dispositions propres des fonctions végétatives et sensorielles de l’âme et les changements que ces dispositions mêmes subissent à travers le temps. Pourtant, tout ce qui est propre à l’être en soi peut être réduit à trois fonctions, tout ce qui est propre aux différentes modalités de la sensation à quatre fonctions. Il s’ensuit que le corps même, si l’on voulait le partager en trois parties, pourrait bien s’adapter à la tripartition des signes. Aux signes tropiques la limite extérieure des membres: la peau, l’épiderme, les parties charnues, d’où le jugement de Ptolémée (12) que les maladies de la peau se déclarent surtout lorsque la Lune se meut dans les signes solsticiaux et équinoxiaux; aux signes solides les parties les plus solides et dures, tel les os et l’on voit que ces signes sont censés être cause concomitante des gibbosités, des claudications, luxations, fractures; aux signes biformes, enfin, les parties les plus fines, tels que les veines, les nerfs et le mouvement même des humeurs, qui sont subtils et prennent des états différents; et nous voyons rapportées à ces signes les maladies telles que la chiragre et la podagre. Cette tripartition des signes est remémorée par Sérapion d’Alexandrie dans l’équation: bicorporea = nervosa, tropica = carnosa, ossea = solida (13).
Lorsque Ptolémée déclare les significations propres de cette triple nature des signes à l’égard des qualités de l’âme, il parle des vertus qui sont le propre de l’âme humaine, à savoir il donne un caractère moral aux fonctions de l’âme végétative et partant elles apparaissent en tant que vertus:
En général, les signes tropiques font les esprits aptes à traiter les affaires publiques, ils désirent les fonctions civiles, ils sont ambitieux, soigneux du culte divin, ingénieux, actifs, chercheurs, habiles à former des conjectures, devins, astronomes. Les signes ayant deux corps font les esprits multiformes, changeants, qui ne se laissent pas facilement connaître, instables, changeant de propos, doubles, sensuels, aux talents variés, mélomanes, paresseux et de perception rapide, portés au regret. Les signes solides font les esprits justes, n’aimant point la flatterie, constants, arrêtés, aptes à bien comprendre, patients, aimant le travail, rigoureux, maîtres d’eux-mêmes, ayant de la rancune, prompts à accomplir, querelleurs, ambitieux, séditieux, avides, rudes, inflexibles.
Toutes les descriptions des qualités attribuées à ces signes, dont la littérature astrologique est très riche, ont la même structure que ce passage ptolémaïque, à savoir elles ne suivent pas la succession temporelle des signes, mais présentent d’abord les signes extrêmes et ensuite le moyen. Car le signe solide exprime la qualité moyenne et dans les jugements qui sont propres à l’astrologie des interrogations et des initiatives cela ressort avec évidence : le signe solide doit exprimer toute chose avec force, il doit confirmer, assurer l’endurance, la continuité, le fait de subsister. On peut citer comme exemple un extrait d’un petit traité sur la nature de ces signes qui nous a été transmise sous le nom d’Orphée, mais qui devrait vraisemblablement appartenir à la plume de Théophile d’Edesse :
Quatre sont les signes solides : Taureau, Lion, Scorpion Verseau. Dans les signes solides les propriétés et les acquisitions sont sûres. Dans un signe solide il convient de se marier et de prendre la dot. Dans les signes solides il faut présenter le résultat de ton travail, car ton souhait s’accomplira. Dans les signes solides la séparation des femmes est certaine, qui s’enfuit ne fera pas retour, ni le voleur sera retrouvé à temps et le départ du pays est chose assurée. Celui qui se fait hostile dans les signes solides, se réconciliera après beaucoup de temps. le jugement est assuré et les justes ne se révoltent pas. Dans les signes solides la maladie est pernicieuse : ou elle conduit à la mort ou bien, si elle ne se termine pas dans les sept jours, elle devient chronique. Il est funeste d’être mis dans les fers dans le signe solide, car celui qui est monté en colère ne changera pas d’avis. Si, dans les signes solides, quelqu’un offre de l’argent, il ne le donnera pas. Dans les signes solides il est bien d’écrire et stipuler les contrats, car ils seront honnêtes. Qui fait son service militaire dans les signes solides, restera assurément dans son armée et ne servira pas un autre général. Dans les signes solides il faut commencer une célébration, une fête, toute chose convenable et utile, de même que dans les signes tropiques il est bien de commencer ce qui est fâcheux et coutumier, car ce qui naît dans les solides demeure stable, tandis que dans les tropiques il est sujet à des changements. Toutes ces choses sont signifiées par les signes lorsqu’ils se lèvent et lorsqu’ils accueillent la Lune (14).
Le signe solide est en grec stereon zôdion, ce qui exprime l’idée de stabilité, compacité, durée et il a pourtant l’acception morale de robuste, vigoureux, énergique, ainsi que de sévère et cruel. Dans l’astrologie indienne ce mot grec fut traduit avec l’équivalent sthira, qui a, parmi ses significations métaphoriques, « ce qui est dépourvu de doute » et, pourtant, sûr, fidèle (15). Plus rare est le terme dhruva, dont l’acception première porte sur « ce qui est fixe, immobile » et il est aussi le nom de l’étoile polaire et du pôle céleste lui-même. Dans l’astrologie de langue latine stereos est généralement traduit par solidum, et pourtant on peut considérer ce mot en tant que terme technique du lexique astrologique. Ce n’est qu’à partir du Moyen Age qu’on trouve l’adjectif fixum, qui est un calque de l’arabe thâbit, et qui ne provient pas de l’acception première du mot arabe, mais de la dénomination arabe des étoiles fixes: al-kawâkib al-thâbitât.
Dans la langue arabe, le terme thâbit présente une grande richesse d’acceptions, qui toutes conviennent d’ailleurs aux significations qualitatives que la littérature astrologique a attribuée aux signes solides. Il signifie ce qui est établi, ferme, constant, et signifie l’homme qui a du sang froid, qui marche d’un pas ferme. Thâbit est adjectif verbal de thabata, qui signifie le fait de persévérer avec fermeté dans quelque chose, consolider, raffermir, tenir quelqu’un sans relâche, résister à quelqu’un ou lutter contre quelqu’un. Il signifie le fait de s’établir, de se fixer quelque part, d’agir avec lenteur, mais aussi d’effectuer, d’accomplir une chose. Il signifie encore: être lié, attaché à une chose, avoir de la patience, de la longanimité, trouver une chose bonne et vraie. D’un autre côté, thabt est la fermeté de coeur et athbât sont les hommes sûrs, sur lesquels ont peut compter. On peut enfin observer qu’un des traits des signes solides, remarqué par Ptolémée dans le passage cité ci-dessus, à savoir l’horreur de la flatterie, trouve son parfait parallèle dans le terme istithbât, qui vient toujours de thabata, à savoir la figure de rhétorique qui consiste en ce que ce qui paraît être dit par manière de blâme tourne en réalité à l’éloge.
Il faut remarquer que les acceptions de « sûr » et de « vrai » que l’on retrouve exprimées dans les significations des signes solides sont souvent attestées dans les textes astrologiques. Parmi les onze conditions qui certifient la production des événements, la neuvième, écrit Démophile, prévoit que les astres se trouvent dans un signe solide: alors les planètes bénéfiques consolident (stéréousi) le bien, les maléfiques le mal (16) . Encore, on lit souvent que la Lune et l’ascendant dans les signes solides font les choses vraies et certaines, dans les signes ayant deux corps font les probables, dans les signes tropiques les changeantes et mutables (17).
Il apparaît pourtant que tous les jugements liés aux signes solides, ainsi qu’aux tropiques et aux biformes, relèvent d’une analogie très étroite avec la signification première de cette tripartition des signes, signification que l’on pourrait définir de nature physique. Il n’est pas toujours le cas pour l’ensemble de la littérature astrologique relative aux signes du zodiaque. Une analogie très étroite avec la signification première est gardée lorsqu’on dit que les signes masculins conviennent aux hommes, les féminins aux femmes. L’analogie passe à travers une métaphore, lorsqu’on dit que les signes aphones conviennent à la discrétion, les signes impudiques au découragement (18). les signes amputés à ce qui se produit par viol et par violence ou encore aux actions partagées, les signes qui ont un sperme abondant ou maigre ou nul aux clients des avocats, aux disciples ou à personne, les signes qui ont des cornes aux chefs militaires et aux pugilistes (19). Mais le jugement est donné par contradiction lorsqu’on dit que les signes aphones conviennent aux joueurs de trombe ou de flûte (20).
Il faut d’ailleurs observer que cette tripartition des signes, puisqu’elle est inscrite dans une succession temporelle, doit montrer quelque chose à l’égard du temps des événements: l’opinion commune veut que les signes tropiques signifient les jours, ceux qui ont deux corps les mois, mais les solides les années (21).
Enfin, puisque la formulation du jugement astrologique ne dépend pas d’un seul critère, mais de plusieurs, la nature de l’événement ne peut pas relever seulement de la mobilité ou de la solidité du signe. Sahl ibn Bisr écrit que parmi les signes tropiques les plus mobiles sont le Bélier et le Cancer, parmi les solides le Lion a la plus grande solidité22, le Scorpion la moindre. Il faut de plus observer dans quelles parties de ces signes se trouvent les astres qui signifient l’événement. Comme l’écrit Julien de Laodicée:
Il faut observer aussi les termes des signes, c’est-à-dire les planètes qui sont seigneurs des termes et les associer dans la formulation du jugemens. Soit par exemple le cas suivant : nous voyons les signes tropiques et pourtant nous disons qu’il y aura un changement; mais dans les termes de Saturne, il s’avérera avec lenteur, dans les termes de Jupiter ou de Mercure peu de temps après, dans les termes de Mars soudain et d’une façon inattendue, dans les termes de Venus avec quelque découragement. Et si les seigneurs se trouvent dans des signes solides ou s’ils stationnent, cela ne pourra que signifier la lenteur, mais s’ils ne stationnent pas, s’ils sont dans des signes tropiques ils signifieront la rapidité (23).
Il faut pourtant considérer la disposition des astres sous tous les aspects : de la nature qui relève de la solidité du signe, laquelle est simple et indivisible et dont l’effet ne peut pas s’effacer, il faut arriver à la détermination de l’événement à travers le mélange de tous les éléments qui y concourent.
Références
1 Cfr. A. Delatte, Etudes sur la littérature pythagoricienne, Paris 1915, pag. 185.
2 I.Th. Buhle, Arati Solensis Phaenomena et Diosemeia… Scholia vetera quae supersunt ad Germanici Caesari prognostica, Lipsiae 1801, II, pag. 110.
3 Die Harmonielehre des Klaudios Ptolemaios, a cura di I. Düring, Göteborgs Högskolas Årsskrift n.35, 1930, III, 5.
4 Summa Theologiae, I, 76, 7, c.
5 Cfr. Andrea Argoli, De Diebus Criticis et de Aegrorum decubitu libri duo, Patavii 1639, pag. 4.
6 Cfr. Ptolemaeus, De iudicandi facultate et animi principatu, ed. Fr. Lammert, Lipsiae 1961, pagg. 19ss.
7 Compilatio Leopoldi ducatus Austrie filii de astrorum scientia… IV, 1.
8 quadr. II, 11.
9 Liber quadripartiti Ptholemei…, Venetiis 149tibus mundi…, Venetiis 1489, cc. 41ra.
11 quadr. I, 13
12 quadr. III, 12.
13 Catalogus Codicum Astrologorum Graecorum (CCAG) V/3 pag. 97,10.
14 Orfeo intorno ai dodici tropi: dei segni che sorgono all’oroscopo, in: Catalogus Codicum Astrologorum Græcorum (Codices rossici) XII, Bruxelles 1936, pagg. 158-161, che dà la trascrizione del ms. Cod. Bibl. Publ. Græc. 575, Mosca. Questi pronostici furono pubblicati da O. Kern, Orphicorum Fragmenta, Berolini 1922, pag. 293, che li ritenne una parte del poema perduto “sulle iniziative (peri katarcwn). Il ms. russo ci riporta una stesura più ampia di quella accolta da Kern.
15 Cfr. Varâhamihira, Brihajâtaka I, 11; Laghujâtaka I, 8.
16 CCAG V/4, pag. 227,10.
17 Cfr. Hephaestio III, 11; ed. D. Pingree pag. 267,5.
18 Giuliano di Laodicea, CCAG V/1, pagg. 187-188.
19 Cfr. Marcianus gr. 324 fo. 144r, Parisinus gr. 2501 fo. 196r, Laurentianus 28,13 fo. 214r.
20 Giuliano di Laodicea, ibid.
21 Cfr. ad esempio Parisinus gr. 2425 fo. 50r, cap. 63; Parisinus gr. 2506 fo. 41r, cap. 62; Marcianus gr. 334 fo. 80, cap. 97; Marcianus gr. 335 fo. 184, cap. 259.
22 Introductorium de principiis iudiciorum Zahelis Ysmaelitae, in: Liber quadripartiti Ptholemei… cit., cc. 138vb.
23 CCAG V/1 pag. 191,11.