La vente du siècle de Pierre Bergé et Yves Saint Laurent

733 lots de la collection Yves Saint Laurent – Pierre Bergé ont été mis en vente en février 2009 au Grand Palais. Cette vente, estimée à 200 millions d’euros s’est échelonnée sur trois soirées mais, le premier soir, dès la fin de la troisième heure la vente s’élevait déjà à 206 millions d’euros. Résultat final : 373 millions d’euros (malgré un Picasso non acheté). Une telle somme n’avait à ce jour jamais été atteinte dans une vente privée.  Qu’y avait-il donc dans les astres ce soir-là pour qu’une vente aux enchères parvienne, en grande période de crise, à obtenir un aussi fort succès ?

En ce 23 février 2009 à 19h cinq planètes se trouvent en Verseau, Saturne – le premier maître de ce signe – se levant en Vierge tandis qu’Uranus – son second maître – se couche en Poissons. Des configurations astrales tout à fait en résonance avec celles qui ont signé l’histoire de ce couple mythique.

  D’abord pourquoi cette vente quelques mois seulement après la mort d’Yves Saint Laurent (YSL) et du vivant de Pierre Bergé (PB) ? Ce dernier s’en est expliqué auprès des journalistes. YSL n’aurait jamais de son vivant effectué la vente de toutes ces pièces de collection achetées pendant plus de quarante ans : « Il a construit par la collection ce carapaçon onirique qui était sa manière de vivre. C’est pour cette raison qu’il n’allait jamais dans les hôtels, qu’il restait toujours chez lui (…), qu’il transportait toutes ses choses quand il se rendait dans une de ses maisons ». Yves Saint Laurent est mort. Cette collection ne veut plus dire grand-chose. Je ne vais pas la poursuivre. Ce qui m’a motivé, c’est le besoin de mettre le mot fin dans tout çà ».

 

Une rencontre marquée la thématique Soleil-Vénus

 La rencontre entre ces deux figures légendaires a eu lieu le 30 janvier 1958 lors du premier défilé du tout jeune YSL  récemment promu directeur artistique chez Dior. Une remarquable conjonction Soleil et Vénus en Verseau est présente dans le ciel. Or le thème d’YSL présente un ascendant Verseau et une conjonction Soleil-Vénus tout comme le thème de PB dispose lui aussi d’une telle conjonction. YSL présente pour ses débuts avec la ligne « Trapèze » une collection tout à fait révolutionnaire ; il obtient néanmoins un vif  succès.   Le charme de Vénus se donne libre cours dans une ambiance Verseau où tout est possible en matière d’innovation. YSL n’est-il pas en train, comme Coco Chanel en son temps, de libérer la femme d’un carcan ? La mode « taille de guêpe » en vigueur jusque-là n’aurait-elle pas fait son temps ?

 Peu de temps après cette grande réussite YSL est obligé d’effectuer son service militaire.  La maison Dior lui trouve un remplaçant en la personne de MarcBohan. Il en est profondément offusqué. PB l’incite à se mettre à son compte. L’un et l’autre, avec l’apport financier du milliardaire américain J.Marck Robison, créent la maison de couture Yves Saint Laurent.  Le 29 janvier 1962 a lieu le premier défilé d’YSL en son nom propre. La date est bien choisie car les configurations astrales sont tout à fait en résonance avec celles de janvier 1958. 6 planètes se trouvent en Verseau, avec au rendez-vous une très étroite conjonction Soleil-Vénus, accompagnée du bénéfique Jupiter et d’un puissant Saturne (il se trouve, qui plus est, dans son signe). Quatre ans après son tailleur ligne « Trapèze », YSL lance le caban en laine à boutons dorés avec un pantalon « cigarette » en shantung blanc façon officier, la marinière, la tunique et une chasuble de curé acier qu’il associe à une jupe fourreau en velours noir. Ce défilé est un véritable succès, le charme de Vénus opérant toujours à merveille. Jamais deux sans trois. Au défilé de janvier 1966  Vénus est encore au rendez. Ce défilé reste dans les mémoires comme une grande date. C’est l’année où  YSL dessine son premier  smoking pour femmes qui deviendra la marque de fabrique de la maison. Chaque année apportera sa nouvelle version du dit smoking. Notons au passage que 1966 est aussi l’année où le duo Bergé/Yves Saint Laurent lance Yves Saint Laurent Rive Gauche… Les modèles sont toujours dessinés par le créateur, mais ils seront produits à la chaîne par un industriel extérieur.

 

Une comparaison de thèmes très riche

Soit dit en passant la synastrie YSL/PB est éloquente. Outre leur commune conjonction Soleil-Vénus cette synastrie présente une même dominante plutonienne (Soleil carré Pluton chez PB et opposition Lune-Pluton chez YSL) qui aide à la métamorphose et une même dominante « saturnienne » (Saturne ascendant Capricorne chez PB et Lune en Capricorne chez PB) qui incite à la recherche de la perfection. En outre ils ont en commun ce superbe trigone Soleil-Jupiter qui facilite la réussite et l’aisance. On relève également que le Mars en Lion de PB se superpose à l’amas Lion d’YSL. A noter que leur rencontre de 1958 a eu lieu tandis qu’Uranus transite ces communes valeurs en Lion. Leur commune passion pour l’art, le luxe, l’esthétique trouve probablement là son origine céleste. Et, cerise sur le gâteau, leur Soleil sont en contre-antisce, ce qui rend le tandem très performant dans les affaires car ils sont complémentaires. Les rôles sont bien répartis. Le Scorpion s’occupe des comptes, de la stratégie commerciale, du  travail de l’ombre pendant que le Lion invente son propre style, mélange d’élégance et de modernité.

 

 

Un succès qui ne se dément pas

A partir de 1962 les succès vont succéder au succès.  Ce tandem va imposer la mode, sous le signe de l’élégance et de la liberté de la femme : le tailleur pantalon pour les femmes, le smoking, le caban, la saharienne, le trench coat. La couleur a toujours eu beaucoup d’importance chez YSL. Et plusieurs de ses collections s’inspirent d’un peintre :   Mondrian en 1965, Picasso en 1979, Matisse en 1981. Sa collection la plus grandiose a sans doute été celle de 1988 où les iris et les tournesols, en hommage à Van Gogh, ont suscité un intérêt mondial.

L’apothéose aura lieu pour ce couple mythique le 12 juillet 1998, le jour de la finale de la coupe du monde de football. 80 000 personnes remplissent le stade de France pour la finale France – Brésil. Mais près de 2 milliards de téléspectateurs assisteront juste avant ce fameux  match  à un événement inattendu : le défilé, sur la pelouse du stade,  de 300 mannequins portant les créations d’YSL.

 Le dernier défilé YSL se déroule le 22 janvier 2002 au centre Pompidou. Tout le monde de la mode est là présent pour rendre hommage à la carrière d’YSL avec toutes ses créations-phares sur ses mannequins-vedettes. On se souviendra longtemps de cette mémorable séance d’adieu au centre Pompidou avec Catherine Deneuve et Laetitia Casta en tête du défilé.

 Si YSL a été pendant 40 ans le symbole de la haute couture, c’est grâce à la présence et l’action continue de son compagnon et associé Pierre Bergé.

Le tandem YSL-PB a eu une grande influence sur ses contemporains, autant par son talent que par sa légende. Le talent c’était YSL. La légende, PB. PB en a été le remarquable metteur en scène. Du premier reportage dans Paris Match en octobre 1961 à la gloire d’une maison de couture qui n’existait que dans ses rêves jusqu’aux obsèques (presque) nationales de juin 2008, Bergé a pensé, orchestré avec éclat chaque séquence de la vie du couturier. La vente de la collection est sa dernière production : il en a fait un événement incroyable. Jamais une vente n’avait eu lieu dans la nef du Grand Palais.

YSL et PB ont connu une rapide réussite. Leurs premiers gains leur permettront de devenir propriétaires de leur entreprise. Ils investiront par la suite une bonne partie de leur argent dans l’immobilier et surtout dans les œuvres d’art. Il ne faut pas oublier que dans le thème d’YSL la conjonction Soleil-Vénus Lion est au trigone de Jupiter-Sagittaire Milieu de ciel. Un tel aspect prédispose YSL à aimer les très beaux objets (forcément coûteux). Le célèbre couturier a été impressionné par de beaux  objets se trouvant sur un guéridon qui appartient à la comtesse de Noailles. Il veut la même chose. Il montre la photo de ces objets à des spécialistes qui  partent à sa recherche et les lui trouve. Mais comment ont-ils pu constituer une telle collection ? Tout simplement en étant fidèle à des spécialistes qu’ils appréciaient tout particulièrement. Le marchand d’art Alain Tarica vient de raconter que, dès qu’il entrait en possession d’œuvres de qualité exceptionnelle, YSL et PB étaient avertis en premier. Ils achetaient neuf fois sur dix. Ainsi, au fil des ans, ils réunissent dans leurs deux appartements (rue de Babylone et rue Bonaparte) une extraordinaire collection d’art moderne (Picasso, Matisse, Mondrian, Léger, Brancusi, Ensor, Cézanne, Duchamp), d’Art déco mais aussi de sculptures et d’objets d’art de la Renaissance, d’orfèvrerie, de tableaux anciens.

 

 

Une signature Verseau

Quelle est donc cette configuration particulière qui a présidé à la constitution de cette collection ? Comme par hasard, les premiers achats importants ont commencé en 1965 alors que les deux planètes maîtresses du Verseau sont en opposition : Saturne est en Poissons et Uranus en Vierge. On observe l’attrait aussi bien pour ce qui est classique (Saturne) que pour ce qui est moderne (Uranus). Il est tout à fait remarquable que cette collection commencée en 1965 se termine en 2009 à l’opposition Saturne-Uranus suivante. Cette collection aura donc vécu la durée d’un cycle Saturne-Uranus.  On remarquera en outre qu’Uranus et Saturne sont situés en 2009 l’un et l’autre exactement à l’opposé de leur position de 1965.

 Le premier défilé d’YSL avait eu lieu en réalité sous l’exceptionnelle configuration de la doriphorie de 1962 en Verseau. Pour certains astrologues cette configuration porteuse d’un potentiel créatif et révolutionnaire signe l’entrée dans l’ère du Verseau. YSL – grâce à son ascendant Verseau – a été un véritable visionnaire du nouveau monde qui advenait. Il a senti que les femmes prenaient de plus en plus leur place dans la société et il a su adapter à la femme le vêtement masculin. Avec PB – ascendant Capricorne – il a su inventer un nouveau code de l’élégance française. « Ils ont fait glisser sur les épaules des femmes la garde-robe des hommes » a-t-on joliment dit. N’est-il pas remarquable que la collection d’œuvres d’art que ce couple mythique a constitué se soit développée sur le cycle Saturne et Uranus, les deux planètes maîtresses du Verseau ?

 

Ce texte est paru dans le n°167 (3ème trimestre 2009), de la revue l’Astrologue, revue publiée par les Editions Traditionnelles

(Tél 01 43 54 03 32 – site : www.edit-trad.com )

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Yves Lenoble